Parler de transgression met mal à l’aise. De tous les sujets abordés par Hémisphères jusque-là, il a certainement été le plus ardu à traiter. Cette notion aux limites floues possède de multiples visages. Du petit mensonge altruiste au hacking, en passant par l’inceste, elle se fond dans la banalité du quotidien tout en faisant les […]
Parler de transgression met mal à l’aise. De tous les sujets abordés par Hémisphères jusque-là, il a certainement été le plus ardu à traiter. Cette notion aux limites floues possède de multiples visages. Du petit mensonge altruiste au hacking, en passant par l’inceste, elle se fond dans la banalité du quotidien tout en faisant les titres de l’actualité.
La transgression a été très peu étudiée par les sciences sociales. Dans son entretien en page 13, le politologue Cédric Passard explique cette frilosité par «le risque pour les chercheurs de paraître relativiser ce qui est transgressé, en montrant par exemple que l’interdit de la pédophilie est une construction sociale et pas une donnée naturelle». Il peut être délicat pour les scientifiques d’assumer une spécialisation dans la pornographie ou de s’extraire des débats de société provoqués par un tel sujet, comme le montre l’article sur les Porn Studies en page 20.
Pourquoi avoir choisi ce thème? En plus de provoquer, la transgression représente l’un des plus puissants moteurs d’innovation. Pour inventer, il faut s’aventurer au-delà des normes et, pourquoi pas, faire preuve de désobéissance. Les multinationales l’ont bien compris, elles qui créent des entités séparées de leurs organisations trop hiérarchisées pour permettre l’éclosion de nouvelles idées, comme l’explique la spécialiste Nathalie Nyffeler dans l’article consacré à l’innovation de rupture en page 29.
Pour explorer ce sujet controversé, nos journalistes sont partis à la rencontre de femmes et d’hommes qui ne respectent pas toujours les règles, dans les domaines de l’architecture, de la nutrition ou de la mode. Ils ont aussi analysé des phénomènes actuels comme le plagiat ou les lanceurs d’alerte. Des articles à consommer sans limite, ni modération.
Geneviève Ruiz, responsable éditoriale d’Hémisphères