Ralentir pour progresser

Slow life, slow food, slow money… Il suffit aujourd’hui de prononcer l’adjectif slow pour détendre l’atmosphère et susciter l’approbation générale. Le ralentissement devient l’oasis de l’humain du XXIe siècle. Dans une société hyperaccélérée, inondée d’informations et de possibles, les individus expriment une soif de lenteur. Mobilité, investissement, alimentation, médecine ou encore management: aucun domaine n’est […]

Slow life, slow food, slow money… Il suffit aujourd’hui de prononcer l’adjectif slow pour détendre l’atmosphère et susciter l’approbation générale. Le ralentissement devient l’oasis de l’humain du XXIe siècle. Dans une société hyperaccélérée, inondée d’informations et de possibles, les individus expriment une soif de lenteur. Mobilité, investissement, alimentation, médecine ou encore management: aucun domaine n’est épargné. Des politiciens de tous bords se mettent à rêver de décélération.

Mais il se pourrait bien que cette oasis se révèle être un mirage. Comme le dit le philosophe Hartmut Rosa dans son interview en page 12, le ralentissement reste un épiphénomène, voire un parasite, parmi les forces de progrès à l’œuvre depuis le début de la modernité. Et d’ailleurs, une approche plus lente suffirait-elle vraiment à résoudre tous nos problèmes? Il est difficile de l’affirmer en restant intellectuellement honnête.

Ce deuxième volume de la revue Hémisphères n’est donc pas un hymne au mouvement slow, ni un appel à une décélération générale. Il questionne plutôt notre rapport paradoxal à la vitesse et esquisse une adaptation des cadences, certainement plus rationnelle que la course contre la montre qui s’est imposée dans tous les secteurs. Nous avons rencontré des femmes et des hommes, ingénieurs, économistes, artistes et chercheurs, qui se sont confrontés à cette question en y apportant des réponses concrètes et originales. Leurs innovations laissent entrevoir des domaines où le ralentissement peut devenir un progrès. Un dossier à lire de toute urgence donc. Mais en prenant son temps.

Geneviève Ruiz, responsable éditoriale d’Hémisphères